Par la présente, nous souhaitons faire le point sur le nombre inhabituel de cas confirmés de variole du singe dans plusieurs pays européens et aux États-Unis au cours de la dernière semaine.
Début mai 2022, un cas de variole du singe a été diagnostiqué en Grande-Bretagne sur une personne de retour du Nigéria. Depuis lors, huit nouvelles contaminations y ont été détectées sur des personnes qui n’ont aucun lien avec des retours de voyage et ne se sont pas déplacées à l’étranger. Des examens sont en cours les concernant.
Situation épidémiologique en date du 20 mai 2022
La variole du singe est une maladie infectieuse proche de la variole humaine, causée par un virus appartenant au genre des orthopoxvirus (virus à ADN). Présente en Afrique centrale et de l’Ouest, cette zoonose peut également donner lieu à une transmission interhumaine. Dans quelques pays africains tels que le Nigéria, de tels cas sont régulièrement signalés. Même si les cas importés – c’est-à-dire diagnostiqués hors de cette région d’Afrique – restent rares, ils se manifestent régulièrement depuis 2018.
Le nombre de diagnostics hors du continent africain dans la dernière semaine est inhabituel, tout comme la propagation de la maladie dans plusieurs pays simultanément.
Au cours des deux dernières semaines, environ 20 cas de variole du singe (ou orthopoxvirose simienne, monkey pox) ont été confirmés dans différents pays (9 en Angleterre, 5 au Portugal et 1 aux États-Unis concernant une personne rentrée du Canada). Plusieurs dizaines d’autres cas suspects sont examinés ailleurs (23 en Espagne, 13 au Canada).
Des analyses épidémiologiques sont en cours : à ce jour, seul un cas semble être lié à un retour d’Afrique, les autres malades paraissant avoir contracté le virus en Europe ou en Amérique du Nord. Les circonstances doivent encore être clarifiées sous l’angle épidémiologique, mais les premiers résultats disponibles ne permettent pas d’identifier clairement les chaînes de transmission. Outre quelques cas au sein d’une même famille, la plupart des malades sont de jeunes hommes qui ont eu des relations sexuelles d’autres hommes.
Symptômes cliniques et transmission
Les manifestations cliniques courantes sont un état fiévreux accompagné de maux de tête avec lymphadénopathie (cervicale, inguinale). Un à trois jours après l’apparition de la fièvre, le sujet développe une éruption cutanée vésiculaire, qui s’étend le plus souvent à partir du visage et peut atteindre la paume des mains et la plante des pieds. Les vésicules se transforment ensuite en pustules, puis en ulcères, avant de former une croûte et de se cicatriser.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit un cas suspect par les symptômes suivants : état fiévreux avec lymphadénopathie, suivi des manifestations cutanées susmentionnées, après un à trois jours.
Principaux repères sur l’orthopoxvirose simienne (who.int)
Monkeypox - United Kingdom of Great Britain and Northern Ireland (who.int) (en anglais uniquement)
ECDC Monkeypox cases reported in UK and Portugal (europa.eu) (en anglais uniquement)
La transmission interhumaine peut intervenir à la suite d’un contact avec des sécrétions des voies respiratoires ou des blessures cutanées d’une personne infectée, ou avec des objets contaminés peu de temps auparavant (p. ex. draps de lits). La transmission par gouttelettes suppose un contact personnel de longue durée entre les personnes concernées : dès lors, le personnel de santé, les membres d’un ménage et d’autres contacts étroits d’une personne infectieuse sont plus exposés. Si l’on sait qu’un contact corporel étroit constitue un facteur de risque en matière
de transmission de la variole du singe, on ignore à ce stade si elle constitue spécifiquement une maladie sexuellement transmissible (source : OMS).
Signalement de cas suspects et procédure applicable
Un médecin confronté à un tableau clinique suspect doit envisager l’hypothèse de la variole du singe, notamment si la personne symptomatique est rentrée d’Afrique (de l’Ouest), d’Angleterre et du Portugal.
Les cas suspects doivent être signalés au Service du médecin cantonal (SMC) et à l’OFSP dans les deux heures afin de les répertorier dûment et enrayer la propagation de la maladie. Nous proposons à cet effet les mesures ci-dessous :
1. Si un cas de variole du singe est soupçonné (fièvre, mal de tête, douleurs musculaires et articulaires, ganglions enflés, frissons, épuisement et vésicules ou pustules semblables à celles de la variole), il faut requérir l’aide d’un·e spécialiste (contact avec un·e infectiologue ou, à défaut, avec un·e médecin en infectiologie de l’Hôpital de l’Île).
2. Annonce par téléphone
dans les deux heures au SMC et à l’OFSP au moyen du protocole d’une déclaration initiale par téléphone (document en lien ci-dessous).
3. Diagnostic au moyen d’un test PCR effectué sur une lésion cutanée ou buccale (frottis ou biopsie)
4. Envoi des prélèvements au Centre national de référence pour les infections virales émergentes (CRIVE)
a. Appelez le 079 55 30 922 (24 heures sur 24).
b.
www.hug.ch/laboratoire-virologie/formulaires-informations
c. Envoi en catégorie B, UN 3373 (emballage triple)
5. Isolement de la personne malade à son domicile si son état est stable. La durée de la période infectieuse n’est pas connue. L’isolement doit être maintenu jusqu’à ce que les dernières pustules se soient cicatrisées.
6. En cas d’hospitalisation, isolement de la personne malade conformément aux directives de Swissnoso (en cours d’élaboration). Il n’est pas nécessaire d’hospitaliser la personne dans un établissement spécifique.
Protocole d’une déclaration initiale par téléphone
Déclaration des maladies infectieuses
Si un cas est suspecté, le laboratoire de virologie des Hôpitaux universitaires de Genève et du CRIVE (+41 79 55 30 922), en sa qualité de Centre national de référence pour les infections virales émergentes, dispose d’un test PCR permettant d’établir un diagnostic (idéalement sur des lésions cutanées).
Thérapie
Il n’existe pas de vaccin spécifique contre la variole du singe. Les vaccins antivarioliques de première et deuxième générations, administrés dans le cadre du programme d’éradication de la variole (en Suisse, jusqu’en 1972), offrent une protection efficace. Un produit de troisième génération (MVA-BN/Imvanex) a été admis en Europe en vue de l’immunisation des adultes contre la variole. Offrant lui aussi une bonne protection, ce dernier a été administré dans plusieurs pays à des personnes qui avaient été en contact avec des sujets malades. Ce vaccin n’est toutefois
pas autorisé en Suisse : son acquisition et son utilisation font actuellement l’objet d’évaluations.
Le traitement se concentre en premier lieu sur les symptômes. Dans des cas sévères, il est possible, après consultation d’un·e spécialiste, de recevoir une thérapie antivirale, connue sous le nom de Tecovirimat (ni disponible ni autorisée en Suisse à l’heure actuelle).
L’European Centre for Disease Prevention and Control a mis à disposition sur son site un aide-mémoire de 2019, destiné aux professionnel·le·s de la santé (lien ci-dessous). De son côté, l’OFSP est en train de préparer un document d’information destiné aux spécialistes. Nous vous le ferons parvenir dès qu’il sera disponible.
Aide-mémoire pour professionnel·le·s de la santé (en anglais)